Les bijoux anciens sont les témoins de leur époque. Les bijoutiers sont des artistes et leurs créations sont inspirées des tendances de leur temps. Ils suivent et parfois devancent les grands mouvements qui affectent les autres arts comme l’architecture, la peinture ou la sculpture par exemple.
C’est pour cela que les styles sont facilement identifiables.
Nous considérons anciens les bijoux antérieurs aux années 60. C’est, nous le reconnaissons, un parti pris mais il est partagé par la plupart de nos confrères, experts en bijoux anciens.
L'Art Nouveau, mouvement artistique qui a fleuri à la fin du XIXe siècle et au début du XXe siècle, a laissé une empreinte indélébile sur l'histoire de la joaillerie française. Caractérisé par des formes organiques, des motifs inspirés de la nature et un travail minutieux des matériaux, ce style a donné naissance à des bijoux d'une finesse et d'une créativité incomparables.
Apparu en réaction aux styles académiques et à l'industrialisation croissante, l'Art Nouveau prônait un retour à l'artisanat et à la beauté inspirée du monde naturel. Les artistes joailliers français, influencés par les estampes japonaises, les formes sinueuses des plantes et les créatures fantastiques, ont transformé les bijoux en véritables œuvres d'art.
L'Art Nouveau se distingue par l'utilisation de matériaux variés et innovants pour l'époque. L'émail, en particulier, est omniprésent, permettant de créer des nuances subtiles et de donner vie aux motifs floraux et animaliers. Les perles, l'ivoire, l'opale et le cristal de roche sont souvent associés à des métaux précieux tels que l'or et l'argent, parfois travaillés en volutes et en arabesques. La technique du plique-à-jour, qui confère aux bijoux un effet de vitrail, est l'une des plus spectaculaires et représentatives de ce mouvement.
Les bijoux Art Nouveau sont reconnaissables à leurs motifs inspirés de la nature et du rêve. Les formes sinueuses des lianes et des fleurs, telles que l'iris, l'orchidée ou le lys, se mêlent souvent à des représentations de libellules, de papillons et de paons. La femme est également un motif central, souvent dépeinte avec des cheveux ondulants s'intégrant harmonieusement à la structure du bijou.
Parmi les joailliers qui ont marqué l'Art Nouveau en France, René Lalique occupe une place de choix. Son travail audacieux et poétique, associant verre, émail et pierres précieuses, incarne parfaitement l'esprit de ce mouvement. Ses broches en forme de libellule, ses pendentifs évoquant des figures mythologiques et ses bagues ornées de motifs floraux restent des pièces emblématiques de cette époque.
D'autres artistes comme Georges Fouquet, Henri Vever et Lucien Gaillard ont également contribué à l'expansion de ce style en explorant de nouvelles techniques et en collaborant avec des peintres et sculpteurs de renom.
Bien que l'Art Nouveau ait cédé la place à l'Art Déco dans les années 1920, son influence perdure dans le monde de la joaillerie contemporaine. Les créateurs d'aujourd'hui s'inspirent encore de cette époque pour concevoir des bijoux aux lignes fluides et à l'esthétique raffinée.
Posséder un bijou Art Nouveau, qu'il soit ancien ou réédité, c'est détenir un morceau d'histoire, une pièce unique qui témoigne du talent inégalé des joailliers français de cette époque flamboyante. Véritables chefs-d'œuvre, ces bijoux restent des symboles d'un art libre et innovant, où l'imagination et la nature se rejoignent pour créer des merveilles intemporelles.
En rupture avec l’Art-Nouveau et cédant au désir de simplicité, de symétrie et d’ordre esthétique, un mouvement émerge et s’affirme à partir de 1910 mais c’est après la première guerre mondiale, en 1925, lors de l’exposition internationale des arts décoratifs que le style Art-déco s’impose. La femme moderne se pare de bijoux modernes !
Les nouveaux bijoux sont sertis de pierres précieuses ou semi-précieuses inutilisées auparavant. Leurs tailles sont tout aussi originales, elles suivent les formes géométriques des vêtements et des accessoires. Et le platine s’impose en maitre.
Les grands joaillers dessinent des bijoux aux lignes pures. Cartier, Boucheron, Van Cleef and Arpels, Mauboussin ou Templier sont à la pointe de la créativité de ces années.
Voici un bel article paru dans Vogue ICI
En raison du début de la Seconde Guerre mondiale en 1939, le platine se raréfie et l’or redevient le métal des joailliers. On l’utilise souvent rose et les créateurs se servent des variations de couleur de l’or pour donner des effets de contraste (or jaune et rose). Une nouvelle tendance s’affirme et des nouveaux bijoux font leur apparition, l’heure est à l’exubérance et d’imposantes créations émergent des ateliers des créateurs. On reste dans l’abstraction de l’Art-Déco, même si des représentations de la nature subsistent ici et là.
De larges et lourds bracelets en or souvent à maillons géométriques, des boucles d’oreilles surdimensionnées et d’imposantes bagues se côtoient dans les vitrines de la rue de la Paix.
La période d’après-guerre est caractérisée part une importante croissance économique qui conduit à l’émergence d’une classe moyenne supérieure en grande demande de bijoux. L’offre des joailliers des années 1950 reflète cette nouvelle prospérité en mettant en vedette une abondance de pierres précieuses. Encore une fois, ce sont les diamants qui s’imposent. C’est en 1948 que la DeBeers dévoile son slogan publicitaire encore célèbre «Les diamants sont éternels… Dans les années 1950, les bijoux conservent l’esprit des années 40 mais leur réalisation s’allège, les bracelets s’affinent, les montures font la part belle aux pierres précieuses.
On tresse l’or afin de lui apporter de la légèreté et de rompre avec l’aspect solide et volontairement lourd du style tank. Le platine fait son retour et reprend sa place de choix pour la réalisation des pièces importantes serties de pierres d’exception.